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Points communs différenciant l’enfant intellectuellement précoce des autres enfants

Les points communs et fréquents différenciant l’enfant intellectuellement précoce des autres enfants ont été référencés à différents stades de développement. Chez le tout petit (0-24 mois), chez l'enfant (2-10 ans) puis chez l’adolescent, on note des différences et décalages majeurs pour les centres d’intérêts, l’apprentissage, l’affectif, l’attitude et le comportement.
Attention, ces indices sont relatifs : y compris chez l’enfant précoce, toutes les étapes du développement ne sont pas franchies précisément aux âges mentionnés…
    • CHEZ LE TOUT PETIT (0-24 mois) :

C’est de façon générale un bébé qui diffère par son avance notable du point de vue de son développement psychomoteur. Selon Madame VAIVRE DOURET, cette avance s’amenuise progressivement. Le développement intellectuel prime alors.
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Comparaison entre les items observés du développement moteur de notre échantillon d’enfants à «hautes potentialités» suivis en longitudinal (n = 60) et les normes développementales françaises sur les deux premières années de vie
 
D’après l’article  de L. Vaivre-Douret « Les caractéristiques développementales d'un échantillon d'enfants tout venant « à hautes potentialités » (surdoués) : suivi prophylactique » paru dans Neuropsychiatrie de l’Enfance et de l’Adolescence Volume 52, Issue 3, May 2004, pages 129-141
 
 
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  • CHEZ L'ENFANT (2-10 ans) :
La précocité s'exprime à travers diverses facettes

 Ses centres d’intérêt
• Curieux, l’enfant veut toujours savoir le pourquoi de tout. Ses questions sont originales et variées, mais il ne se contente pas d’une réponse banale, et veut approfondir jusqu’à lasser l’autre.
• Il est passionné par l’univers, la préhistoire, les limites du temps et de l’espace, la mythologie, l’informatique, l’histoire, l’histoire de l’art, la biologie, mais toutes ces connaissances ne seront pas toujours restituées à l’école dans la mesure où il a dépassé, par passion personnelle, le niveau d’exigence de l’enseignant. Il change souvent de centre d’intérêt.
• Certains enfants se passionnent pour les encyclopédies, les dictionnaires.
• Il aime les jeux compliqués et y réussit (échecs, Mastermind, jeux de stratégie en général, etc.).
 
 Dans l’apprentissage
• Une parole précoce est un bon indice de développement.
Cependant, une parole tardive ne peut exclure une éventuelle précocité puisque certains enfants « explosent » vers 3 ans avec un langage structuré et concis et un large vocabulaire. Ils peuvent avoir un débit langagier, soit très rapide, soit presque inaudible. L’âge de 6 ans et du C.P. est souvent, le moment d’une déception. L’enfant ne trouve pas à l’école ce à quoi il s’attendait en terme d’apprentissage et de compréhension de la part de l’environnement scolaire. Le décalage semble s’accentuer. De fait, peuvent apparaitre des tics ou bégaiements, preuves du malaise de l’enfant.
• Il a souvent appris à lire très jeune (seul ou aidé), mais maîtrise plus tardivement l’écriture (surtout chez les garçons).
• Il a besoin de stimulations et s’ennuie dans les activités de routine et les obligations (rangement, hygiène, …)
• Il est souvent distrait, mais est capable d’une concentration intense quand il est intéressé. Il se montre perfectionniste dans les domaines qui l'intéresse et travaille, dans ce cas, de manière indépendante et en autodidacte.
• Il est plus à l’aise dans les activités compliquées que dans les activités simples, où il commet des « erreurs bêtes ». Il sait prendre des risques dans un devoir en proposant des solutions nouvelles mais parfois plus longues ou compliquées parce que celles attendues lui paraissent trop simples.
• Il apprend vite, mais ne supporte pas d’apprendre « bêtement » (sans comprendre le contexte). Il a une mémoire étonnante.
• Il manque de méthode, et a de la difficulté face à l'effort (assimilée souvent à de la fainéantise).
 
 
 Dans l’affectif
 

• Il est hypersensible et hyperémotif ; il est sensible à l’harmonie de ce qui l’entoure. Ceci est constitutif de sa personnalité et donne une fausse impression d'immaturité affective.
• Il est anxieux de façon constante.
• Il a besoin d’être accepté et reconnu dans ses particularités.
• Il sollicite beaucoup l’attention de ses parents à tel point qu’il est vécu comme épuisant, voire vampirisant. Il en est de même pour les adultes de son environnement scolaire ou social. Il a tendance, de ce fait, à penser, quand ceux-ci ne peuvent se rendre disponibles ou se montrent impatients ou le réprimandent, qu’il n'est  plus aimé, ni apprécié.
• Il est très sensible à l’injustice, y compris à celle que peuvent subir les autres et il est prêt à s’engager contre les "autorités".
• Il recherche le dialogue avec les adultes ou avec des camarades plus âgés que lui.
• Il juge rapidement les gens.
• Il a tendance à être solitaire, préfère travailler seul.
• Certains enfants jeunes ou adolescents paraissent " scotchés " à leur mère.
• Il est en grande demande affective avec réclamations incessantes de preuves d’amour des parents ou de l’affection de son entourage.
• Il peut se montrer particulièrement possessif.
 
 Dans son attitude et son comportement

 


• Il étonne par le niveau de ses réflexions.
• Il est en opposition de façon répétée.
• Il intervient de manière pertinente dans des discussions alors qu’on le croyait concentré sur autre chose.
• Il manie la critique que beaucoup prennent pour de l’insolence ou de l’arrogance. Mais aussi une autocritique sévère et très déstabilisante que l’on peut constater par sa propension à se dire nul ou à le penser.
• Il est observateur,  très empathique, jusqu’à se rendre compte, comme le disait un petit garçon de 4 ans, d’une personne avec laquelle il avait parlé, que "ses yeux ne disent pas pareil que sa bouche".
• Il ne met que rarement ses opinions dans sa poche et en général elles sont très tranchées.
• Il veut souvent avoir le dernier mot, et ce très jeune, ou par l’usage de nombreux arguments avoir raison; c’est ainsi qu’il manifeste de grandes capacités à une certaine forme de manipulation.
• Il s’ennuie vite.
• Il est souvent « dans la lune ».
• Il a du mal choisir rapidement.
• Il a besoin pour se concentrer de faire plusieurs choses à la fois.
• Les enseignants le décrivent, soit comme un enfant peu actif, replié sur lui-même, inconsistant et rêveur à l’excès, soit au contraire comme hyperactif, poseur, hostile, d’humeur changeante, provocateur, agressif et de contact difficile.
• L’acquisition des activités motrices de base n’est pas forcément en avance par rapport aux autres enfants du même âge.
• Si on l'interroge sur ses centres d’intérêt, il peut se montrer intarissable et laisser entrevoir la profondeur et la densité de ses connaissances.
• Il a le sens de l’humour et joue avec les mots mais il est très atteint par l’ironie. Il a, d’autre part, de la peine à supporter les comportements puérils qui n’ont rien à voir avec l’humour.
• La qualité de son regard, mobile, scrutateur, qui donne à tout instant le sentiment de jauger l’autre afin d’évaluer s’il est digne de confiance, ce qui peut aussi être pris pour de l’impertinence.
• Il manifeste, dès le plus jeune âge, une indépendance d’esprit et un esprit d’indépendance ainsi qu’une tendance à être un tant soit peu entêté.
• Il a tendance au refus de toute compromission et à se comporter de manière trop rapidement qualifiée de peu adaptée.
• Il ne se rallie pas à tout prix à la majorité.
• Ce sont des êtres singuliers, à la personnalité fortement marquée dès le plus jeune âge.
• Ce qui peut aussi le caractériser, c’est l’excès en tout. Tantôt Ange ou Démon, tantôt Tout ou Rien ; il n'est jamais dans la tiédeur mais plutôt dans le " j’adore ou je déteste ".
• Il semble se montrer plus " difficile ", pour son environnement que la plupart des enfants, plus exigeant dans ses désirs ou sa demande affective, plus obstiné, plus angoissé dans sa vie intérieure mais aussi plus vulnérable.
• On a tendance à le percevoir comme un enfant "à problème", simplement parce qu’il existe une différence marquée par rapport aux enfants de son âge.
• Les troubles du sommeil sont fréquents. On retrouve des insomnies (difficultés au coucher, éveils nocturnes), des cauchemars et un sommeil agité.
• Il est souvent malade en période scolaire (maux de ventre, de tête, problèmes dermatologiques), notamment lors de la reprise (le lundi ou après les vacances).
• La souffrance de certains s’exprime par l’énurésie, l’encoprésie, les troubles alimentaires
  • CHEZ L'ADOLESCENT
• Il peut avoir d'excellents résultats scolaires sans effort et sans travail
• Il est parfois en échec scolaire au collège, au lycée alors qu’il a suivi un primaire sans difficulté. Les classes de 4ème et de 2nde peuvent être un tournant : un élève qui n’a jamais appris à apprendre peut rencontrer des difficultés dans ces classes-là.
• Il a des résultats en dents de scie de façon inexpliquée.
• Il est déprimé, isolé, voire en dépression,
• Il a des idées noires et exprime sa souffrance par de la boulimie, des scarifications, des conduites à risque.
• Il est en conflit avec certains professeurs, qu'il ne juge pas "à la hauteur".
• Il a des camarades plus âgés que lui.
• Il se désintéresse de la scolarité.
• Il n'a pas la notion de l'effort, rechigne à faire ses devoirs.
• Il semble ne pas exploiter ses capacités.
• Il n'a pas de méthode de travail, il a des lacunes profondes dans certains domaines.
• Il manque d'estime de lui, d'assurance, se sent nul, se dévalorise.

Caractéristiques développementales (LVV)

« Les caractéristiques développementales d'un échantillon d'enfants tout venant « à hautes potentialités » (surdoués) : suivi prophylactique »

L. Vaivre-Douret

 

Cette communication orale a été présentée au colloque ANPEIP sur le thème « Comprendre et aider l'enfant intellectuellement précoce », Lyon, décembre 2002

Vous pouvez commander l'article complet paru dans Neuropsychiatrie de l’Enfance et de l’AdolescenceVolume 52, Issue 3, May 2004, Pages 129-141
 
Résumé
Il existe une plasticité fonctionnelle individuelle, garante d'une capacité d'adaptation et de régulation, rendant unique chaque individu. Nous émettons l'hypothèse que chez l'enfant à « hautes potentialités » (surdoué), il existe une organisation neurofonctionnelle particulière de ses réseaux neuronaux avec des propriétés membranaires spécifiques pouvant influer sur la vitesse de conduction, donc sur le mode de traitement de l'information. Il en découle des propriétés temporelles des neurones spécifiques ayant des propriétés spécifiques d'apprentissage. À partir d'une cohorte en suivi longitudinal prophylactique, et dans une démarche rétrospective, nous faisons état d'un échantillon de données développementales périnatales et de la petite enfance (fonctions : neurosensorialité, motricité, langage, cognition, latéralité, affectivité) dont nous disposons pour des enfants reconnus ultérieurement à « hautes potentialités » (quotient intellectuel supérieur à 130, sans différence significative entre l'échelle verbale et de performance), testés à l'âge scolaire entre quatre et sept ans par un test psychométrique de Weschler (WPPSI ou WISC III). Les processus de maturation de ces différentes fonctions apparaissent précoces, rapides et relativement harmonisés. L'apport de ces données conduit à la nécessité d'analyser finement les profils cognitifs hétérogènes dès les plus jeunes âges et à s'interroger sur l'importance de préserver une continuité développementale des différentes fonctions, qui peuvent être très vulnérables avec le risque de se dissocier ultérieurement, du fait même d'une plasticité spécifique et des conditions d'environnements favorables ou défavorables (famille, pairs, école).
Mots-clé: Développement des surdoués; Maturation motrice; Activité neuronale; Cerveau; Échelle d'intelligence

Trouble des apprentissages scolaires ? Enfants surdoués ? Quels liens ? par J. SIAUD-FACCHIN

ANAE-2005-81-7-15

 

Résumé :

Aujourd’hui la réussite à l’école est un enjeu majeur du développement de l’enfant mais aussi un enjeu de la société et un problème de santé publique. Plus de 80 % des demandes de consultations en psychologie de l’enfant sont liés à des problèmes scolaires. En Europe, 25 % des élèves sont en difficultés à l’école. L’origine des difficultés à l’école peut provenir de causes très diverses au carrefour de problématiques bio-psycho-sociales mais aussi le fait de profils d’élèves particuliers. Parmi eux, les enfants « dys » (dyslexiques, dyscalculiques, dyspraxiques...) mais aussi des élèves surdoués dont l’intelligence atypique entrave souvent leur réussite à l’école. L’objet de cette communication est de préciser les principaux troubles des apprentissages et de resituer la problématique spécifique des enfants surdoués : comment comprendre le paradoxe des difficultés scolaires que peuvent rencontrer ces enfants ? Quelles sont les caractéristiques de leur mode de pensée ? Quels liens peut on faire entre les spécificités intellectuelles de ces enfants et processus d’apprentissage ?

 

Mots clés : Troubles des apprentissages — Enfants surdoués — Développement de l’enfant

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