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Un doute, une suspicion de précocité intellectuelle ?

 Plutôt en retrait, timide, distrait, solitaire votre enfant peut curieusement, se montrer sûr de lui. D'une logique implacable, il fait preuve parfois d’un aplomb déconcertant. Hypersensible, il est généralement de nature anxieuse. Curieux insatiable, ce dès son plus jeune âge, il se réfugie souvent dans ses livres ou dans son imaginaire s'éloignant ainsi d'un monde qui ne lui ressemble pas…


Ces paradoxes éveillent un doute?

Vous êtes en droit de vous poser la question du surdouement….


Afin de les accompagner au mieux vers un équilibre et leur réussite scolaire, il convient d’identifier au plus tôt et de décrypter ces signes… Certains indices peuvent permettre de reconnaitre leur singularité…

 

Précocité intellectuelle: des effets négatifs?

 
« L'enfant précoce a les défauts de ses qualités André GIORDAN
  
"Etre surdoué n'est pas toujours facile à vivre"
La précocité intellectuelle a ses faces cachées. Dyssynchronie, inhibition intellectuelle, phobie scolaire, anxiété et angoisses, dépression et troubles divers en sont les effets pervers... un dépistage, si possible précoce, permet d'éviter certains de ces écueils.
  

etoilebleuLA DYSSYNCHRONIE

La précocité intellectuelle affecte l'enfant dans son fonctionnement interne et social mais aussi dans son développement psychomoteur.
Dès la petite enfance, certains enfants dont le développement intellectuel est en avance par rapport à leur développement psychomoteur auront tendance à aller spontanément vers les activités dites « intellectuelles » plutôt que de s’exercer à celles d’ordre « physique ». Ils privilégient ce qui les intéresse, là où ils réussissent, plutôt que ce qui est difficile et leur demande de l’effort. Ils rejettent souvent les activités de motricité fine.
Très souvent donc, l’enfant se passionne pour la lecture car il a appris à lire tout seul lorsqu’on lui racontait des histoires. Les parents n’en sont pas toujours conscients, mais sont fascinés par cet enfant qui est toujours dans les livres. Ils le laissent à sa passion.
C’est là que peut s’installer une dyssynchronie entre l’intérêt pour la lecture et le non intérêt pour ce qui est plutôt d’ordre physique.
  
 
  
La dyssynchronie dans sa forme globale est une des caractéristiques de l'EIP, décrite par Jean Charles TERRASSIER comme « le développement hétérogène spécifique et normal des enfants intellectuellement précoces (dyssynchronie interne) ainsi que les particularités de leur relation et intégration au contexte de vie (dyssynchronie sociale)».

D'après Jean Charles TERRASSER, "un enfant intellectuellement précoce se caractérise par ce que j'appelle une dyssynchronie. Il y a un décalage entre son niveau de développement intellectuel, très hautement supérieur à celui d'un enfant de son âge, et son développement affectif et émotionnel qui correspond à celui d'un enfant de son âge. L'enfant précoce est d'ailleurs particulièrement sensible, grâce ou à cause de son intelligence, puisque celle-ci a un effet loupe sur les évènements, sur l'information à laquelle il a accès. Son intelligence décortique l'information, mais il n'a pas le recul nécessaire pour la digérer, ce qui peut parfois le mettre en situation émotionnelle difficile et créer de l'anxiété. Par exemple, on a évoqué il y a quelque temps la possibilité que la Côte d'Azur connaisse un tremblement de terre. Un enfant précoce de 5 ans a très bien compris le phénomène et a rapproché son lit d'un mur maître de l'immeuble parce qu'il avait compris que c'était à cet endroit qu'il avait une chance de s'en sortir si la terre se mettait à trembler. L'impact est donc accentué par cet effet loupe lié à l'intelligence qui, elle, voit tout dans les détails. Mais parfois il n'a pas la maturité personnelle de digérer des informations reçues et comprises précocement." Extrait d'une interview de P.E. dans le magazine PsychoEnfants Novembre 2011

En fait l'auteur distingue plusieurs types de dyssynchronies et assure dans son article : « Les dyssynchronies des enfants intellectuellement précoces » que « les enfants précoces sortent de la norme statistique du fait de leur rythme rapide de développement mais cette précocité c’est leur normalité propre. Il n’y a rien de pathologique dans leur dyssynchronie qui, certes, peut les fragiliser dans des contextes inadaptés.
C’est pourquoi il importe de connaître leurs particularités pour espérer proposer une réponse éducative adaptée à leurs besoins».
Certains signes d'appel mais également certains troubles fréquemment associés provoqués par une non reconnaissance peuvent alerter l'entourage, les équipes éducatives mais aussi le médecin traitant.  On oublie trop souvent que le médecin de famille sensibilisé peut être un soutien pour l'enfant et sa famille.
Ne pas prendre en charge scolairement, familialement et socialement l'enfant surdoué, c'est laisser son enfant en souffrance au risque de le voir développer plus tard des troubles du comportement, des troubles psychopathologiques. Là encore, le médecin peut jouer un rôle primordial de prise en charge.

Quelques compléments dans l'article de Jean-Charles TERRASSIER "Le développement psychologique des enfants intellectuellement précoces"

etoilejauneL'EFFET PYGMALION NEGATIF
Un grand nombre d’enfants surdoués non identifiés vivent au quotidien en effet « pygmalion négatif ».
Selon Jean Charles TERRASSIER « l’enfant va tendre à renoncer à exprimer son véritable potentiel et se limiter à répondre à une demande qui le sous estime…. ».
Il note que « ce contexte va l’inciter à renoncer à exprimer une partie de sa personnalité et à oublier celui qu’il aurait pu être, ce qui ne peut en rien favoriser son épanouissement. »
L'auteur met en garde contre les conséquences de l'effet Pygmalion négatif.
« Dans la mesure où l'enfant élabore une représentation de Soi en partie en se fondant sur l'image de lui-même que lui renvoie un environnement inapte à identifier ses possibilités, il lui sera très difficile de se découvrir et de s'assumer précoce ». 
Extraits de l'article : « Les dyssynchronies des enfants intellectuellement précoces. » Jean-Charles Terrassier
A l’école, les enfants peuvent se limiter intellectuellement pour essayer de ressembler aux autres ou pour répondre aux attentes de leurs professeurs. Par un besoin de conformité excessif, ils s’imposent de ne plus exprimer leur potentiel. Au risque de se renier, ils se fondent dans la classe, renonçant ainsi à leurs aptitudes « hors normes ».
En se camouflant tels de véritables caméléons, ils se protègent de l’incompréhension des professeurs mais aussi de leurs camarades. Pour se conformer aux attentes des autres, l’enfant s’inhibe, se détériore socialement, il recherche une normalisation imaginaire et renonce ainsi à lui-même.
Selon le docteur Alain GAUVRIT, l’enfant « se recrée un nouvel équilibre moteur, affectif et intellectuel par une série de contre-investissements (refoulement, répression) ne laissant aucune énergie disponible pour le fonctionnement intellectuel».
A la maison également, une pression vers la norme peut s’exercer sur lui. Dans ce contexte, l’enfant fait tout pour se montrer « normal » alors que justement sa créativité et sa curiosité intellectuelles devraient pouvoir s’y exprimer. La fratrie peut accentuer ce phénomène.
Selon les enfants, l’effet pygmalion négatif est plus ou moins perceptible :
- soit ils perdent enthousiasme, goût des apprentissages… et peuvent ainsi se renier définitivement,
- soit ils explosent après un certain temps ce qui permet d’identifier leur précocité intellectuelle.
A l’inverse, certains ne vont pas à l’encontre de ce qu’ils sont (pas d’Effet Pygmalion négatif). Ils ont alors la force de contraindre leurs parents et leurs proches à s’adapter et à modifier leur représentation d’eux-mêmes, mais à quel prix...
etoileroseL’INHIBITION INTELLECTUELLE
L’inhibition intellectuelle s’inscrit dans un contexte d’effet pygmalion négatif. Le dysfonctionnement intellectuel d’un enfant inhibé peut fausser les résultats des tests de Q.I.. L’observation fine du comportement de l’enfant au cours du bilan vient en complément de l’analyse des subtests. Tous deux permettent de suspecter une automutilation de l’intelligence.
En général un suivi de l’enfant est nécessaire pour lui permettre de « retrouver sa liberté de penser indispensable pour soutenir l’intelligence et éviter que cette dernière ne devienne « stérile »».
« Les sujets souffrant d’une inhibition intellectuelle n’obtiennent pas des QI du niveau de la surdouance car leur dysfonctionnement intellectuel peut être important et se répercute au cours du test. Le QI verbal est fréquemment plus bas que le QI performance (profil fréquent chez les enfants qui sont en classe de développement) et inférieur à la norme. Certains ont un raisonnement logique très bon sur le plan non verbal mais échouent au niveau du QI verbal. Il y a une inhibition de la pensée dans ce cas pour un enfant très supérieurement doué il s’agit d’une auto-mutilation de son intelligence (telle que l’a décrite Gauvrit).
L’inhibition intellectuelle est à traiter par une psychothérapie, impérativement, pour donner la possibilité au sujet de se permettre de trouver, ou retrouver, la liberté de penser, indispensable pour soutenir l’intelligence et éviter que cette dernière ne devienne « stérile ». La souffrance de l’enfant est« amortie » en grande partie par l’inhibition de la pensée chez ceux qui gardent une possibilité d’agirmais elle est très importante chez ceux qui ratent à l’école tout en ayant un bon niveau intellectuel,notamment au niveau du raisonnement
Cette inhibition intellectuelle est également décrite de façon imagée par le docteur Alain GAUVRIT . C'est le COMPLEXE DE L'ALBATROS 
« …Exilé sur le sol au milieu des huées,  
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher »
Charles BAUDELAIRE, L'Albatros
  
etoileverteLA PHOBIE SCOLAIREEleveCourb
La phobie scolaire n’est pas soudaine. Elle s’installe progressivement, très souvent dès la maternelle. Le jeune enfant est déçu de ne rien apprendre. La peinture, la pâte à modeler, pratiquement toutes les activités de motricité fine,  ne sont pas sont fort. Il est venu pour apprendre à lire, à écrire… Ce type de réflexion venant de l’enfant doit être entendu avant qu’il ne refuse l’école.
Par définition, la phobie scolaire se caractérise par le refus et une peur irrationnelle de se rendre à l’école. L’enfant sait qu’il n’a pas de raison d’avoir peur mais il ne peut lutter. Les manifestations sont multiples et variées : crise de pleurs, de panique, céphalées, douleurs abdominales pouvant aller jusqu’aux vomissements, diarrhées, …. Elles s’accentuent généralement entre le moment de quitter la maison et d’arriver à l’école.
Selon AJURIAGUERRA, les enfants en phobie scolaire sont des « enfants qui pour des raisons irrationnelles refusent d’aller à l’école et résistent avec des réactions très vives de panique quand on essaye de les y forcer »
En effet, l’école est le révélateur d’une anxiété qui peut devenir envahissante et mener au refus scolaire alors que pour d’autres, c’est un moteur de réussite.
Il est préférable d’orienter ces enfants vers des spécialistes quand de tels symptômes apparaissent.
 
En cas de phobie scolaire, l'ANPEIP recommande de se rapprocher des associations comme l'association Phobie Scolaire dont les bénévoles peuvent guider parents et enseignants. 

Pour en savoir +, cliquer ICI

 
etoilebleuL’ANXIETE , LES ANGOISSES
Les interrogations que l’enfant surdoué ne cesse de mettre en place pour tout comprendre sont très anxiogènes. Difficile pour lui d’accepter des choses qu’il ne s’explique pas !
Ces préoccupations excessives, ses angoisses de l’échec, de silence, d’abandon, la recherche du sens de la vie, de la mort, d’inconnu ou ses angoisses métaphysiques sont source d’hyperanxiété.
De plus, sa sensibilité, sa lucidité, son soucis de maîtrise accentuent les angoisses. Il est souvent perçu comme « immature » alors qu’en fait, il est lucide. En réalité, il n’a pas l’expérience qui lui permette de relativiser. Il a par conséquent besoin d’utiliser celle de l’adulte pour l’aider à dépasser ses craintes.
 
D'après Claudia JANKECH, "Comme toutes les personnes hors normes, les HPI sans troubles associés peuvent rencontrer des difficultés lors de leur scolarité, souvent inadaptée à leurs compétences, des difficultés relationnelles dues à l'incompréhension de l'entourage et à un regard négatif. Ils peuvent alors, comme tout un chacun, développer de l'anxiété. Il faut faire la différence entre les troubles anxieux et l'anxiété qui découle de situations inadaptées liées à une incapacité des systèmes scolaires à intégrer les enfants avec des compétences très élevées. Mais il arrive aussi que les enfants HPI, lucides et sensibles, développent une anxiété, notamment au cours de la petite enfance".

CHAMONT décrit cinq types d’angoisses qui peuvent être masquées et qui « gravitent autour des enfants et adolescents intellectuellement précoces » :
- l'angoisse d'échec,
- l'angoisse de silence,
- l'angoisse d'abandon,
- l'angoisse d'inconnu,
- l'angoisse métaphysique.
Elles le mènent souvent vers la dépression, la mise en place de troubles divers, de rituels d’apaisement. L’évolution vers les troubles obsessionnels compulsifs ou TOC est très fréquente chez l’EIP. Elle souligne la nécessité de prévention.
 
TabElementsAnxiogènes
Tous les enfants sont soumis à des stress quotidien. David ELKIND a établi un classement de ces éléments de stress (Cf. Tableau ci dessus ) du plus au moins anxiogène.
Chez l’enfant précoce, les changements de rythme de vie quotidien sont source de questionnements et ne sont pas acceptés. Par conséquent, ils deviennent anxiogènes mais selon J. LEGRAND, « Les enfants « surdoués » ne présenteraient pas davantage de troubles psychologiques que les autres enfants. Néanmoins, de nombreux auteurs évoquent une fragilité psychique liée au don intellectuel ».
Selon Jeanne  SIAUD-FACCHIN (2002), « le risque pathologique de l’enfant « surdoué » est favorisé par un diagnostic trop tardif et/ou par un environnement (famille ou école) non sécurisant. Cet enfant est vulnérable, de par son hypersensibilité et son extra lucidité. Ainsi, des facteurs externes défavorables (rejet des autres) peuvent entraver la construction de sa personnalité, entraînant une « fragilité narcissique majeure » ».

Quant à Olivier REVOL, il souligne que l'anxiété « est constante chez les enfants surdoués. L'intelligence est logiquement anxiogène lorsqu'elle donne accès à des questionnements existentiels que le jeune enfant ne peut assumer. On est alerté dès trois ans par des préoccupations excessives concernant l'univers ou la vie après la vie ; la notion prématurée de la pérennité de la mort est forcément inquiétante à l'âge ou l'enfant en a normalement une notion très abstraite ou ludique, comme dans les dessins animés ou les jeux vidéo (« je sais bien que je n'ai pas plusieurs vies... »). Plus tard, les peurs concernent les maladies (peur du sida, de la maladie de la Vache-Folle...), la survenue de catastrophes au niveau planétaire (guerre, météorites, inondations...) ou familiales (maladies des parents, séparations....). Ces craintes sont parfois abordées spontanément, mais le plus souvent elles restent secrètement gardées par un enfant qui n'osent en parler à ses camarades de peur d'être ridicule, ni à ses parents pour ne pas les inquiéter. Elles risquent alors d'évoluer en véritables obsessions, inquiétantes, responsables de rituels nécessaires à leur apaisement. Cette organisation en troubles obsessionnels et compulsifs (TOC) est tellement fréquente dans notre expérience qu'elle justifie d'interroger tous les enfants intelligents sur l'existence d'éventuels « soucis » ou de gestes absurdes qu'ils ne peuvent éviter. »
 
Extrait de "L'enfant précoce signes particuliers" Neuropsychiatrie de l’Enfance et de l’Adolescence Volume 52, Issue 3, May 2004, Pages 148-153 Olivier REVOL, Jean LOUIS et P. FOURNERET
     
 
etoilejauneLA DEPRESSION
  
Le stress de l’enfant précoce est souvent dépressiogène si l'origine n'est pas identifiée et éliminée.
La dépression est effectivement une complication fréquemment rencontrée dans le cas de l’enfant précoce.
Les causes en sont multiples. Elles s’inscrivent bien souvent dans le contexte d’une affectivité envahissante. C’est aussi un signe d’alerte. L’enfant surdoué qui s’ennuie, surtout à l’école, est aussi sujet à la dépression. Très vite dépassé par des questions qu’il ne peut se résoudre à laisser sans réponse, il se protège en faisant le vide. Il évacue ses pensées « dangereuses » en refusant de se projeter dans l’avenir. Il n’exprime plus ni souffrance, ni émotion.
Pour Jeanne SIAUD FACCHIN, la culpabilité et la problématique du deuil sont les deux mécanismes qui sous-tendent la dépression de l’EIP. Après avoir étudié "les caractéristiques émotionnelles des enfants à haut potentiel", H. GUIGNARD attribue la dépression à un univers affectif hors norme
   
• Signes et manifestations
Certains signes peuvent particulièrement alerter les parents, les proches, les éducateurs :  
 
Bien souvent le petit enfant manifeste sa dépression par de l'agressivité (2 à 6 ans), une hyperactivité motrice  et/ou encore une isolement social.
Plus tard , le grand enfant (6 à 12 ans) se dévalorise, ment ou peut fuguer. Il est en refus, parfois en échec scolaire.
L’adolescent quant à lui est irritable. Il désinvestit même les loisirs.
En règle générale, ces signes chez un enfant par ailleurs mythomane, agressif et/ou avec des idées obsédantes doivent alerter les parents, l'entourage, les éducateurs. On doit alors envisager la dépression et se faire aider par des spécialistes.
« A tout âge, la dépression est difficile à vivre pour lui et pour son entourage. L’enfant perd le contrôle de ses émotions et il a horreur de ne plus pouvoir se contrôler».
Extrait de colloque : L’enfant précoce : signes particuliers : DEPRESSION DE L’ENFANT PRECOCE d’Olivier REVOL

• Une prise en charge nécessaire 
Pour que l’enfant puisse se reconstruire, il est donc essentiel de le prendre en charge. Conscient de son impuissance face à une situation difficile, l’enfant exprime sa colère et refuse bien souvent de consulter. Il s’oppose au thérapeute, essaie de le manipuler… Malgré tout, une prise en charge thérapeutique solide et fiable par un professionnel spécialisé, sans recours aux antidépresseurs s’impose pour décharger se surplus émotionnel.
• La prescription médicamenteuse en question
Selon le Docteur Catherine BARRAUD, « chez ses enfants, le recours aux antidépresseurs n’est pas conseillé. D’une part les antidépresseurs doivent être limités chez les enfants de façon générale. D’autre part, la cause de la dépression restant présente, il n’y a pas de raison que la dépression disparaisse, y compris pendant la prescription d’antidépresseurs ».
 
etoileroseDES TROUBLES DIVERS
  
Les troubles ou manifestations peuvent être divers et variés mais les plus fréquents sont :
 
- les troubles du sommeil avec difficultés d’endormissement ou réveils fréquents,
- les troubles alimentaires,
- les peurs ou des angoisses incontrôlées,
- les douleurs, des démangeaisons (eczéma),
- les troubles du comportement avec agressivité ou au contraire isolement de l’enfant …
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Ces troubles ne sont généralement pas isolés et bien souvent ils sont liés au stress. Il convient de les considérer en tenant compte de l’ensemble de la personnalité de l’enfant.
  
Il est important de pouvoir les identifier afin que l’enfant puisse apaiser ses souffrances.
Parfois, le simple prise de conscience des troubles permet à l’enfant lui même de trouver des solutions mais dans certains cas un soutien psychologique lui est nécessaire afin d’éviter qu’il n’aille jusqu’à la dépression. Les troubles du sommeil se manifestent de façons diverses. Certains enfants souffrent d’insomnies avec difficultés de sommeil, éveils nocturnes et même somnambulisme. Fréquemment l’enfant refuse de s’endormir tant il angoisse en pensant à ses cauchemars récurrents. D’autres souffrent de parasomnies. Les parents signalent bien souvent un sommeil agité, non réparateur et ce dès le plus jeune âge de l'enfant.
Les troubles du sommeil
En fait, comme le note le Docteur Olivier REVOL, « ils sont quasi-constants; leur signification diffère selon l'âge.
Chez le nourrisson, l'insomnie d'endormissement est liée à l'anxiété de séparation, logiquement amplifiée par la précocité. Après deux ans, l'opposition au coucher illustre les difficultés à renoncer au plaisir de jouer ou d'apprendre; l'anxiété vespérale est aggravée en période oedipienne par la crainte de la résurgence des fantasmes au cours du rêve. Sur le plan qualitatif, tous les types de troubles ont été signalés comme le confirme une étude récente ; on retrouve des insomnies (difficultés au coucher, éveils nocturnes), des parasomnies (cauchemars) et surtout l'impression parentale, subjective, d'un sommeil de mauvaise qualité. La fréquence des troubles du sommeil chez les EIP incite à rechercher d'autres signes évocateurs de précocité chez tout enfant consultant pour un refus d'endormissement».
Les troubles du comportement
Certains auteurs comme Caroline GOLDMAN ont étudié les incidences sur la dynamique pulsionnelle.
L’agressivité des enfants à haut potentiel se manifeste entre autre dans la motricité, dans la pensée et dans la relation. Elle a également noté chez les enfants et adolescents qu’elle rencontre des symptômes tels que la dépression, l’insomnie et les troubles du comportement.
A lire l'article « L’inexprimable agressivité de l’enfant surdoué » de Caroline GOLDMAN , revue Pratiques psychologiques, 2008, L'accompagnement psychologique. Volume 14, Issue 2, June 2008, Pages 247-264.
En ce qui concerne les conduites addictives et antisociales, l’adolescence de l’EIP est une période plus risquée que chez un adolescent NIP (Non Intellectuellemnt Précoce).
Le Docteur REVOL estime qu’elle est souvent plus précoce, plus déprimante, plus pathologique mais moins longue. La recherche d’identité est en effet rendue difficile du fait de leur différence.
Durant cette période de quête identitaire, de deuil de l’enfance, de détachement par rapport à leurs parents, certains adolescents se tournent vers la prise de toxiques, ont des conduites à risques. Ils font généralement preuve d’une grande facilité à dissimuler de graves conduites addictives, aussi mieux vaut-il rester vigilant.
L’insertion sociale est parfois difficile, surtout lorsque le HP se retrouve paradoxalement en échec scolaire, sans diplôme.
Il faut garder espoir car bon nombre d’entre eux utilisent leur potentiel pour rebondir, quand qu’ils quittent le système scolaire.
Certains adultes surdoués se révèlent dans la vie active, dans leur travail, en se tournant vers une voie pour laquelle ils se passionnent ou bien par le biais de formations, d’insertions professionnelles.
 
Pour que cette renaissance ait lieu,
il est important de faire attention au bien être psychologique de l’enfant, de l’adolescent,
de rester vigilant pour préserver sa confiance en lui.

 Vu par certains, « les conduites addictives et antisociales sont courantes dans l’évolution des adolescents précoces et sont même parfois un mode d’intégration dans le groupe social. Elles peuvent conduire au rejet de l’insertion sociale par les études et au grand paradoxe des enfants précoces en échec scolaire et sans diplôme. Sans banaliser ce type de choix, les études actuelles montrent que ces adolescents bien accompagnés peuvent reprendre des études, même bien longtemps après les avoir abandonnées et réussir une insertion professionnelle correcte, voire, même si le diagnostic de précocité est tardif, réussir une insertion sociale correcte. Je vous rappelle que la précocité ne disparait pas avec l’âge et que la reprise des études à l’âge adulte est toujours possible chez les précoces en échec scolaire. D’autant que les formations pour adultes sont moins scolaires et donc plus accessibles à ces feux d’artifice… »

Extrait de "Enfants précoces : dépistage, diagnostic et suivi "  par le Docteur BARRAUD

Les troubles de l'attention
     

 

A LIRE

moyennepucebleul'article de Jeanne SIAUD FACCHIN "Un Q.I. élevé peut cacher une fragilité"

moyennepucebleul'article de Claudia JANKECH "Surdouance et échec scolaire"

moyennepucebleul'article de Marc VANMEERBEEK, Stéphanie Van Onckelen, Corine BOUUAERT et Philippe BURETTE "Enfants à haut potentiel: attitude du médecin traitant "

moyennepucebleul'article de JC TERRASSIER "les dyssynchronies des enfants intellectuellement précoces" Extrait sur l'effet pygmalion négatif

moyennepucebleul'article de JC TERRASSIER "les dyssynchronies des enfants intellectuellement précoces" Extrait sur les dyssynchronies

moyennepucebleule mémoire de J. LEGRAND "Le développement affectif des enfants dits "intellectuellement précoces"

moyennepucebleul'article de CHAMONT "Les angoisses chez les enfants et les adolescents intellectuellement précoces"

 moyennepucebleul'article de GOLDMAN "L'inexprimable agressivité de l'enfant surdoué"

moyennepucebleul'article de O. REVOL "Dépression de l'enfant précoce"

moyennepucebleula communication de A GAUVRIT "Le complexe de l'albatros"

moyennepucebleul'article du Dr BARRAUD "Enfants précoces: dépistages, diagnostic et suivi" - Le recours aux antidépresseurs

moyennepucebleul'article de G. ROBERT "Signes d'appel et troubles associés chez l'HP"

Comment confirmer une suspicion de précocité ?

La présomption de précocité intellectuelle ne peut être confirmée que par la pratique d’un test psychométrique. Plus communément appelé test de Q.I. Ces tests étalonnés (WISC III N'EST PLUS UTILISÉ) WISC IV, K-ABC, WISPIII) se déroulent chez un psychologue formé et sensibilisé au sujet.


Un bilan psychologique complet est une démarche clinique globale basé sur un questionnement, des observations et des évaluations selon des temps donnés.


Des tests complémentaires peuvent être réalisés au cours de la passation du test de Q.I. pour établir un profil complet de l’enfant.

 

Le QI n’exprime pas une valeur absolue. C’est un score relatif qui permet de situer un enfant par rapport à un groupe d’enfants du même âge.

Plus que donner un chiffre, les tests psychométriques permettent de comprendre l’enfant afin de connaitre ses points forts et ses points faibles.
C’est donc la première étape : on ne peut comprendre l’origine des difficultés de l’enfant, identifier ses besoins et ressources si on ignore le niveau et le profil de cet enfant. 


« Il est important de bien identifier et évaluer l’EHP afin de lui offrir une réponse éducative spécifique. Jusqu’à récemment, l’identification ne prenait en compte que l’aspect quantitatif du résultat du QI total.
La tendance actuelle est à une évaluation qualitative des capacités de l’enfant. »

Puis, 2 parties : 
• L’identification à partir de tests subjectifs. Elle implique les parents, les enseignants, l’enfant, ses camarades… 
• L’identification à partir de tests objectifs :

  • Test d’intelligence général : avec le WPPSI, le WISC et le WAIS.
  • Test d’aptitudes spécifiques.
  • Test de créativité
  • Test de personnalité 

Les associations régionales ANPEIP accueillent les parents, les conseillent, les rassurent et leur font profiter d’un réseau de professionnels spécialisés du public et du privé pour les accompagner dans cette démarche de l’identification qui n’est pas toujours aisée.

Pour connaître les coordonnées d’une psychologue privée ou scolaire, ou bien même d'un centre médico psycho pédagogique (CMP), contactez votre ANPEIP REGION 

ATTENTION : Seuls des tests pratiqués par des psychologues en passation individuelle permettent d’évaluer le QI. Toutes les autres pratiques (internet, tests de magazines…) sont des pratiques ludiques qui ne peuvent donner lieu au calcul de QI

Etre EIP, une reconnaissance

La restitution des résultats a un effet thérapeutique immédiat pour l’enfant et elle apporte un soulagement et une aide précieuse pour les parents.
 
Par ailleurs l’explication du fonctionnement intellectuel de l’enfant permet aux enseignants et aux équipes pédagogiques de reconnaitre sa singularité. Ils peuvent l’intégrer ainsi dans le processus d’adaptation pédagogique comme le préconise l’Education nationale pour tous les « élèves à besoins éducatifs particuliers »
 

"Le repérage de la précocité est utile à tout instant du développement. Très tôt, il permet d'anticiper la survenue de troubles du comportement en proposant aux parents de certains nourrissons difficiles des stratégies éducatives simples et efficaces. Plus tard, la révélation de la précocité apporte une explication rationnelle aux troubles d'adaptation rencontrés par les enfants intellectuellement précoces (BIP) en maternelle. Enfin, des les classes primaires, l'identification des profils spécifiques des EIP permet aux enseignants et aux familles de s'adapter à leurs particularités affectives et cognitives,
Ce regard expert revêt de plus une fonction thérapeutique, car l'identification de la précocité est rapidement apaisante pour l'enfant et son environnement. («enfin, on a le mode d'emploi...», « il a retrouvé le sourire depuis qu'il a été testé...). Il exige de l'éducateur une bonne connaissance des caractéristiques physiologiques et pathologiques qui distinguent un enfant précoce d'un enfant standard. Le diagnostic de précocité repose moins sur la présence de l'un ou l'autre de ces signes, d'allure bien banale lorsqu'ils sont présents isolément, que sur leur co-existence et leur chronologie d'apparition, qu'une anamnèse bien conduite permet de reconstituer aisément.
On peut classer ces signes distinctifs en quatre catégories : les particularités du développement, les troubles du comportement, les troubles de la régulation émotionnelle et les spécificités du traitement de l'information. "
O. REVOL - J. Louis and P. FOURNERET
Extrait de "L'enfant précoce signes particuliers"- Neuropsychiatrie de l’Enfance et de l’Adolescence Volume 52, Issue 3, May 2004, Pages 148-153
 
« Ca va mieux, je croyais que j’étais folle » Mathilde (7 ans)
 
La révélation de la précocité a des vertus thérapeutiques.
Pour un enfant qui se considérait à tort comme « nul » ou « fou », différent des autres enfants, le diagnostic est primordial. Les explications données par le psychologue lors du bilan de restitution apportent un éclairage et un soulagement pour toute la famille. L’enfant peut mettre des mots sur le sentiment de différence qu’il ressent au plus profond de lui-même consciemment ou inconsciemment.
Selon le Docteur BARRAUD, « la simple compréhension par l’enfant de la précocité, ou l’explication de sa différence, permettent une résolution des troubles».
Extrait de "Enfants précoces : dépistage, diagnostic et suivi " par le Docteur BARRAUD
 
 
etoilejauneUN SOULAGEMENT POUR L'ENFANT
 
 
L’explication lors de la restitution du bilan par le professionnel aide l’enfant :
  • à mieux comprendre son mode de fonctionnement particulier
  • à relativiser ses faiblesses en l’éclairant sur ses compétences réelles
  • à atténuer le regard critique exacerbé qu’il porte sur lui-même
  • à construire ou reconstruire sa confiance en lui. Il est considéré et reconnu en fonction de toutes ses aptitudes et ses particularités propres. Il est rassuré, ce qui améliore considérablement son estime de lui
  • à commencer à reconstituer une image plus cohérente de lui-même
  • à prendre conscience du pourquoi de ses difficultés :
    • à trouver des camarades du même âge avec les mêmes centres d’intérêt que lui,
    • à comprendre le rejet de ses camarades qui perçoivent une différence et ne l’acceptent pas (dyssynchronie sociale),
    • à relativiser les relations familiales parfois conflictuelles,
    • à accepter le décalage entre le rythme de sa pensée et ses gestes moteurs (dyssynchronie interne)…
  • à interpréter et mieux gérer ses souffrances affectives. L’enfant reçoit une explication à ses frustrations, à ses émotions intenses qui le submergent souvent, à ses rêveries, à son anxiété, à ses angoisses…
  • à éliminer une source de stress qui peut être particulièrement dépressiogène
  • à expliquer parfois son échec scolaire paradoxal alors qu’il est considéré comme « intelligent » par ses professeurs
 

etoileroseDES REPONSES POUR LES PARENTS

 

L’effet thérapeutique est souvent immédiat chez l’enfant mais aide aussi les parents à changer leur regard et leur comportement.

Une fois la précocité avérée, les parents comprennent mieux le fonctionnement de leur enfant ce qui leur permet de mieux s’adapter à ses particularités affectives et cognitives. Ils adoptent alors des stratégies éducatives capables d’atténuer les troubles divers. Le parent est déculpabilisé, l’enfant le ressent et un cercle vertueux est amorcé.

La révélation de la précocité apporte d’un certain côté un soulagement car elle donne une explication rationnelle aux difficultés d’adaptation rencontrés souvent dès la maternelle puis au primaire.

 

Reconnaitre la précocité intellectuelle est donc utile à tout âge

 

mais il est important de l’identifier au plus tôt.

 

Une fois le diagnostic posé, les parents peuvent se faire aider par un psychologue, se rapprocher d’autres parents par le biais d’associations. Souvent mal compris au sein même de leurs familles, les parents trouvent enfin à qui parler sans se sentir jugés, sans « passer pour des extra terrestres » ou des « surprotecteurs » de leurs enfants.

 

etoilebleuUNE AIDE POUR LES ÉDUCATEURS

 

Cette information va changer le regard des éducateurs, des enseignants et notamment certaines idées reçues : « ce n’est pas parce qu’un enfant est intellectuellement précoce qu’il ne rencontrera aucunes difficultés dans sa scolarité ou qu’il sera bon dans toutes les matières ».

 

Les équipes pourront aider l’enfant :

moyennepucebleuen acceptant qu’un enfant puisse avoir un fonctionnement intellectuel différent,
moyennepucebleuen essayant d’adapter les apprentissages à son rythme,
moyennepucebleuen adaptant les consignes car ces enfants ne partagent souvent pas les mêmes implicites,
moyennepucebleuen évitant surtout de lui fixer des objectifs inaccessibles et surestimés.

 

L’objectif commun est la reconnaissance de ses aptitudes particulières et le soutien bienveillant y compris dans les disciplines que l’enfant n’affectionne pas toujours et qui peuvent le mettre en difficulté.


Il ne faut jamais oublier qu’un enfant intellectuellement précoce possède des capacités ou des facilités dans certaines disciplines mais pas dans d’autres sachant qu’il investira davantage certains domaines en fonction de ses goût et du ressenti, de l’intérêt ou du regard positif que lui portera son enseignant ou son entourage.

 

 

À LIRE

moyennepucebleul'article de Catherine BARRAUD, cliquer sur le lien "Enfants précoces: dépistage, diagnostic et suivi"

 

moyennepucebleul'article d' Olivier REVOL, Jean LOUIS et P. FOURNERET cliquer sur le lien "L'enfant précoce signes particuliers"

 

 

 

 

Qu'est-ce que la précocité intellectuelle?

Pour reconnaître un enfant intellectuellement précoce, ou enfant à haut potentiel, il faut savoir dépasser les paradoxes de tableaux parfois très différents selon la situation. 
De nombreux paradoxes caractérisent en effet les plans affectif et cognitif de ces enfants particuliers, paradoxes qu'il est donc important de connaître pour les identifier et pour pouvoir les accompagner vers leur réussite scolaire et leur épanouissement personnel.
 Le terme de « précocité » désigne une avance par rapport à son âge chronologique en termes de compréhension et d’acquisitions.
Il faut garder à l’esprit que les capacités de l’enfant intellectuellement précoce :

moyennepucebleu ne sont qu'un potentiel qu’il faut s'appliquer à épanouir ;
moyennepuceorange ne garantissent pas une réussite visible ;
moyennepucerose peuvent être associées à des difficultés d’apprentissage.
Si, dans l’inconscient collectif, « précocité » rime trop souvent avec « facilité », telle n’est pas la réalité de ces enfants et de leur entourage. 
 
 La précocité intellectuelle peut mettre l'enfant en situation de difficulté et de souffrance
aussi longtemps que l’environnement qui lui est proposé n’est pas en adéquation avec ses besoins particuliers.
 
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