LA PHOBIE SCOLAIRE
La phobie scolaire n’est pas soudaine. Elle s’installe progressivement, très souvent dès la maternelle. Le jeune enfant est déçu de ne rien apprendre. La peinture, la pâte à modeler, pratiquement toutes les activités de motricité fine, ne sont pas sont fort. Il est venu pour apprendre à lire, à écrire… Ce type de réflexion venant de l’enfant doit être entendu avant qu’il ne refuse l’école.
Par définition, la phobie scolaire se caractérise par le refus et une peur irrationnelle de se rendre à l’école. L’enfant sait qu’il n’a pas de raison d’avoir peur mais il ne peut lutter. Les manifestations sont multiples et variées : crise de pleurs, de panique, céphalées, douleurs abdominales pouvant aller jusqu’aux vomissements, diarrhées, …. Elles s’accentuent généralement entre le moment de quitter la maison et d’arriver à l’école.
Selon AJURIAGUERRA, les enfants en phobie scolaire sont des « enfants qui pour des raisons irrationnelles refusent d’aller à l’école et résistent avec des réactions très vives de panique quand on essaye de les y forcer »
En effet, l’école est le révélateur d’une anxiété qui peut devenir envahissante et mener au refus scolaire alors que pour d’autres, c’est un moteur de réussite.
Il est préférable d’orienter ces enfants vers des spécialistes quand de tels symptômes apparaissent.
En cas de phobie scolaire, l'ANPEIP recommande de se rapprocher des associations comme l'association Phobie Scolaire dont les bénévoles peuvent guider parents et enseignants.
Pour en savoir +, cliquer ICI
L’ANXIETE , LES ANGOISSES
Les interrogations que l’enfant surdoué ne cesse de mettre en place pour tout comprendre sont très anxiogènes. Difficile pour lui d’accepter des choses qu’il ne s’explique pas !
Ces préoccupations excessives, ses angoisses de l’échec, de silence, d’abandon, la recherche du sens de la vie, de la mort, d’inconnu ou ses angoisses métaphysiques sont source d’hyperanxiété.
De plus, sa sensibilité, sa lucidité, son soucis de maîtrise accentuent les angoisses. Il est souvent perçu comme « immature » alors qu’en fait, il est lucide. En réalité, il n’a pas l’expérience qui lui permette de relativiser. Il a par conséquent besoin d’utiliser celle de l’adulte pour l’aider à dépasser ses craintes.
D'après Claudia JANKECH, "Comme toutes les personnes hors normes, les HPI sans troubles associés peuvent rencontrer des difficultés lors de leur scolarité, souvent inadaptée à leurs compétences, des difficultés relationnelles dues à l'incompréhension de l'entourage et à un regard négatif. Ils peuvent alors, comme tout un chacun, développer de l'anxiété. Il faut faire la différence entre les troubles anxieux et l'anxiété qui découle de situations inadaptées liées à une incapacité des systèmes scolaires à intégrer les enfants avec des compétences très élevées. Mais il arrive aussi que les enfants HPI, lucides et sensibles, développent une anxiété, notamment au cours de la petite enfance".
CHAMONT décrit cinq types d’angoisses qui peuvent être masquées et qui « gravitent autour des enfants et adolescents intellectuellement précoces » :- l'angoisse d'échec,- l'angoisse de silence,- l'angoisse d'abandon,- l'angoisse d'inconnu,- l'angoisse métaphysique.
Elles le mènent souvent vers la dépression, la mise en place de troubles divers, de rituels d’apaisement. L’évolution vers les troubles obsessionnels compulsifs ou TOC est très fréquente chez l’EIP. Elle souligne la nécessité de prévention.
Tous les enfants sont soumis à des stress quotidien. David ELKIND a établi un classement de ces éléments de stress (Cf. Tableau ci dessus ) du plus au moins anxiogène.
Chez l’enfant précoce, les changements de rythme de vie quotidien sont source de questionnements et ne sont pas acceptés. Par conséquent, ils deviennent anxiogènes mais selon J. LEGRAND, « Les enfants « surdoués » ne présenteraient pas davantage de troubles psychologiques que les autres enfants. Néanmoins, de nombreux auteurs évoquent une fragilité psychique liée au don intellectuel ».
Selon Jeanne SIAUD-FACCHIN (2002), « le risque pathologique de l’enfant « surdoué » est favorisé par un diagnostic trop tardif et/ou par un environnement (famille ou école) non sécurisant. Cet enfant est vulnérable, de par son hypersensibilité et son extra lucidité. Ainsi, des facteurs externes défavorables (rejet des autres) peuvent entraver la construction de sa personnalité, entraînant une « fragilité narcissique majeure » ».
Quant à Olivier REVOL, il souligne que l'anxiété « est constante chez les enfants surdoués. L'intelligence est logiquement anxiogène lorsqu'elle donne accès à des questionnements existentiels que le jeune enfant ne peut assumer. On est alerté dès trois ans par des préoccupations excessives concernant l'univers ou la vie après la vie ; la notion prématurée de la pérennité de la mort est forcément inquiétante à l'âge ou l'enfant en a normalement une notion très abstraite ou ludique, comme dans les dessins animés ou les jeux vidéo (« je sais bien que je n'ai pas plusieurs vies... »). Plus tard, les peurs concernent les maladies (peur du sida, de la maladie de la Vache-Folle...), la survenue de catastrophes au niveau planétaire (guerre, météorites, inondations...) ou familiales (maladies des parents, séparations....). Ces craintes sont parfois abordées spontanément, mais le plus souvent elles restent secrètement gardées par un enfant qui n'osent en parler à ses camarades de peur d'être ridicule, ni à ses parents pour ne pas les inquiéter. Elles risquent alors d'évoluer en véritables obsessions, inquiétantes, responsables de rituels nécessaires à leur apaisement. Cette organisation en troubles obsessionnels et compulsifs (TOC) est tellement fréquente dans notre expérience qu'elle justifie d'interroger tous les enfants intelligents sur l'existence d'éventuels « soucis » ou de gestes absurdes qu'ils ne peuvent éviter. »
Extrait de "L'enfant précoce signes particuliers" Neuropsychiatrie de l’Enfance et de l’Adolescence Volume 52, Issue 3, May 2004, Pages 148-153 Olivier REVOL, Jean LOUIS et P. FOURNERET
LA DEPRESSION
Le stress de l’enfant précoce est souvent dépressiogène si l'origine n'est pas identifiée et éliminée.
La dépression est effectivement une complication fréquemment rencontrée dans le cas de l’enfant précoce.
Les causes en sont multiples. Elles s’inscrivent bien souvent dans le contexte d’une affectivité envahissante. C’est aussi un signe d’alerte. L’enfant surdoué qui s’ennuie, surtout à l’école, est aussi sujet à la dépression. Très vite dépassé par des questions qu’il ne peut se résoudre à laisser sans réponse, il se protège en faisant le vide. Il évacue ses pensées « dangereuses » en refusant de se projeter dans l’avenir. Il n’exprime plus ni souffrance, ni émotion.
• Signes et manifestations
Certains signes peuvent particulièrement alerter les parents, les proches, les éducateurs :
Bien souvent le petit enfant manifeste sa dépression par de l'agressivité (2 à 6 ans), une hyperactivité motrice et/ou encore une isolement social.
Plus tard , le grand enfant (6 à 12 ans) se dévalorise, ment ou peut fuguer. Il est en refus, parfois en échec scolaire.
L’adolescent quant à lui est irritable. Il désinvestit même les loisirs.
En règle générale, ces signes chez un enfant par ailleurs mythomane, agressif et/ou avec des idées obsédantes doivent alerter les parents, l'entourage, les éducateurs. On doit alors envisager la dépression et se faire aider par des spécialistes.
« A tout âge, la dépression est difficile à vivre pour lui et pour son entourage. L’enfant perd le contrôle de ses émotions et il a horreur de ne plus pouvoir se contrôler».
• Une prise en charge nécessaire
Pour que l’enfant puisse se reconstruire, il est donc essentiel de le prendre en charge. Conscient de son impuissance face à une situation difficile, l’enfant exprime sa colère et refuse bien souvent de consulter. Il s’oppose au thérapeute, essaie de le manipuler… Malgré tout, une prise en charge thérapeutique solide et fiable par un professionnel spécialisé, sans recours aux antidépresseurs s’impose pour décharger se surplus émotionnel.
• La prescription médicamenteuse en question
Selon le Docteur Catherine BARRAUD, « chez ses enfants, le recours aux antidépresseurs n’est pas conseillé. D’une part les antidépresseurs doivent être limités chez les enfants de façon générale. D’autre part, la cause de la dépression restant présente, il n’y a pas de raison que la dépression disparaisse, y compris pendant la prescription d’antidépresseurs ».
DES TROUBLES DIVERS
Les troubles ou manifestations peuvent être divers et variés mais les plus fréquents sont :
- les troubles du sommeil avec difficultés d’endormissement ou réveils fréquents, - les troubles alimentaires, - les peurs ou des angoisses incontrôlées, - les douleurs, des démangeaisons (eczéma), - les troubles du comportement avec agressivité ou au contraire isolement de l’enfant … |
|
Ces troubles ne sont généralement pas isolés et bien souvent ils sont liés au stress. Il convient de les considérer en tenant compte de l’ensemble de la personnalité de l’enfant.
Il est important de pouvoir les identifier afin que l’enfant puisse apaiser ses souffrances.
Parfois, le simple prise de conscience des troubles permet à l’enfant lui même de trouver des solutions mais dans certains cas un soutien psychologique lui est nécessaire afin d’éviter qu’il n’aille jusqu’à la dépression. Les troubles du sommeil se manifestent de façons diverses. Certains enfants souffrent d’insomnies avec difficultés de sommeil, éveils nocturnes et même somnambulisme. Fréquemment l’enfant refuse de s’endormir tant il angoisse en pensant à ses cauchemars récurrents. D’autres souffrent de parasomnies. Les parents signalent bien souvent un sommeil agité, non réparateur et ce dès le plus jeune âge de l'enfant.
• Les troubles du sommeil
En fait, comme le note le Docteur Olivier REVOL, « ils sont quasi-constants; leur signification diffère selon l'âge.
Chez le nourrisson, l'insomnie d'endormissement est liée à l'anxiété de séparation, logiquement amplifiée par la précocité. Après deux ans, l'opposition au coucher illustre les difficultés à renoncer au plaisir de jouer ou d'apprendre; l'anxiété vespérale est aggravée en période oedipienne par la crainte de la résurgence des fantasmes au cours du rêve. Sur le plan qualitatif, tous les types de troubles ont été signalés comme le confirme une étude récente ; on retrouve des insomnies (difficultés au coucher, éveils nocturnes), des parasomnies (cauchemars) et surtout l'impression parentale, subjective, d'un sommeil de mauvaise qualité. La fréquence des troubles du sommeil chez les EIP incite à rechercher d'autres signes évocateurs de précocité chez tout enfant consultant pour un refus d'endormissement».
• Les troubles du comportement
Certains auteurs comme Caroline GOLDMAN ont étudié les incidences sur la dynamique pulsionnelle.
L’agressivité des enfants à haut potentiel se manifeste entre autre dans la motricité, dans la pensée et dans la relation. Elle a également noté chez les enfants et adolescents qu’elle rencontre des symptômes tels que la dépression, l’insomnie et les troubles du comportement.
En ce qui concerne les conduites addictives et antisociales, l’adolescence de l’EIP est une période plus risquée que chez un adolescent NIP (Non Intellectuellemnt Précoce).
Le Docteur REVOL estime qu’elle est souvent plus précoce, plus déprimante, plus pathologique mais moins longue. La recherche d’identité est en effet rendue difficile du fait de leur différence.
Durant cette période de quête identitaire, de deuil de l’enfance, de détachement par rapport à leurs parents, certains adolescents se tournent vers la prise de toxiques, ont des conduites à risques. Ils font généralement preuve d’une grande facilité à dissimuler de graves conduites addictives, aussi mieux vaut-il rester vigilant.
L’insertion sociale est parfois difficile, surtout lorsque le HP se retrouve paradoxalement en échec scolaire, sans diplôme.
Il faut garder espoir car bon nombre d’entre eux utilisent leur potentiel pour rebondir, quand qu’ils quittent le système scolaire.
Certains adultes surdoués se révèlent dans la vie active, dans leur travail, en se tournant vers une voie pour laquelle ils se passionnent ou bien par le biais de formations, d’insertions professionnelles.
Pour que cette renaissance ait lieu,
il est important de faire attention au bien être psychologique de l’enfant, de l’adolescent,
de rester vigilant pour préserver sa confiance en lui.
Vu par certains, « les conduites addictives et antisociales sont courantes dans l’évolution des adolescents précoces et sont même parfois un mode d’intégration dans le groupe social. Elles peuvent conduire au rejet de l’insertion sociale par les études et au grand paradoxe des enfants précoces en échec scolaire et sans diplôme. Sans banaliser ce type de choix, les études actuelles montrent que ces adolescents bien accompagnés peuvent reprendre des études, même bien longtemps après les avoir abandonnées et réussir une insertion professionnelle correcte, voire, même si le diagnostic de précocité est tardif, réussir une insertion sociale correcte. Je vous rappelle que la précocité ne disparait pas avec l’âge et que la reprise des études à l’âge adulte est toujours possible chez les précoces en échec scolaire. D’autant que les formations pour adultes sont moins scolaires et donc plus accessibles à ces feux d’artifice… »
Extrait de "Enfants précoces : dépistage, diagnostic et suivi " par le Docteur BARRAUD
• Les troubles de l'attention