Précocité intellectuelle: des effets négatifs?
LA DYSSYNCHRONIE
La précocité intellectuelle affecte l'enfant dans son fonctionnement interne et social mais aussi dans son développement psychomoteur.D'après Jean Charles TERRASSER, "un enfant intellectuellement précoce se caractérise par ce que j'appelle une dyssynchronie. Il y a un décalage entre son niveau de développement intellectuel, très hautement supérieur à celui d'un enfant de son âge, et son développement affectif et émotionnel qui correspond à celui d'un enfant de son âge. L'enfant précoce est d'ailleurs particulièrement sensible, grâce ou à cause de son intelligence, puisque celle-ci a un effet loupe sur les évènements, sur l'information à laquelle il a accès. Son intelligence décortique l'information, mais il n'a pas le recul nécessaire pour la digérer, ce qui peut parfois le mettre en situation émotionnelle difficile et créer de l'anxiété. Par exemple, on a évoqué il y a quelque temps la possibilité que la Côte d'Azur connaisse un tremblement de terre. Un enfant précoce de 5 ans a très bien compris le phénomène et a rapproché son lit d'un mur maître de l'immeuble parce qu'il avait compris que c'était à cet endroit qu'il avait une chance de s'en sortir si la terre se mettait à trembler. L'impact est donc accentué par cet effet loupe lié à l'intelligence qui, elle, voit tout dans les détails. Mais parfois il n'a pas la maturité personnelle de digérer des informations reçues et comprises précocement." Extrait d'une interview de P.E. dans le magazine PsychoEnfants Novembre 2011
C’est pourquoi il importe de connaître leurs particularités pour espérer proposer une réponse éducative adaptée à leurs besoins».
Quelques compléments dans l'article de Jean-Charles TERRASSIER "Le développement psychologique des enfants intellectuellement précoces"
- soit ils perdent enthousiasme, goût des apprentissages… et peuvent ainsi se renier définitivement,
- soit ils explosent après un certain temps ce qui permet d’identifier leur précocité intellectuelle.
L’inhibition intellectuelle est à traiter par une psychothérapie, impérativement, pour donner la possibilité au sujet de se permettre de trouver, ou retrouver, la liberté de penser, indispensable pour soutenir l’intelligence et éviter que cette dernière ne devienne « stérile ». La souffrance de l’enfant est« amortie » en grande partie par l’inhibition de la pensée chez ceux qui gardent une possibilité d’agirmais elle est très importante chez ceux qui ratent à l’école tout en ayant un bon niveau intellectuel,notamment au niveau du raisonnement.»
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher »
En effet, l’école est le révélateur d’une anxiété qui peut devenir envahissante et mener au refus scolaire alors que pour d’autres, c’est un moteur de réussite.
- l'angoisse d'échec,
- l'angoisse de silence,
- l'angoisse d'abandon,
- l'angoisse d'inconnu,
- l'angoisse métaphysique.
Quant à Olivier REVOL, il souligne que l'anxiété « est constante chez les enfants surdoués. L'intelligence est logiquement anxiogène lorsqu'elle donne accès à des questionnements existentiels que le jeune enfant ne peut assumer. On est alerté dès trois ans par des préoccupations excessives concernant l'univers ou la vie après la vie ; la notion prématurée de la pérennité de la mort est forcément inquiétante à l'âge ou l'enfant en a normalement une notion très abstraite ou ludique, comme dans les dessins animés ou les jeux vidéo (« je sais bien que je n'ai pas plusieurs vies... »). Plus tard, les peurs concernent les maladies (peur du sida, de la maladie de la Vache-Folle...), la survenue de catastrophes au niveau planétaire (guerre, météorites, inondations...) ou familiales (maladies des parents, séparations....). Ces craintes sont parfois abordées spontanément, mais le plus souvent elles restent secrètement gardées par un enfant qui n'osent en parler à ses camarades de peur d'être ridicule, ni à ses parents pour ne pas les inquiéter. Elles risquent alors d'évoluer en véritables obsessions, inquiétantes, responsables de rituels nécessaires à leur apaisement. Cette organisation en troubles obsessionnels et compulsifs (TOC) est tellement fréquente dans notre expérience qu'elle justifie d'interroger tous les enfants intelligents sur l'existence d'éventuels « soucis » ou de gestes absurdes qu'ils ne peuvent éviter. »
La dépression est effectivement une complication fréquemment rencontrée dans le cas de l’enfant précoce.
Plus tard , le grand enfant (6 à 12 ans) se dévalorise, ment ou peut fuguer. Il est en refus, parfois en échec scolaire.
L’adolescent quant à lui est irritable. Il désinvestit même les loisirs.
• Une prise en charge nécessaire
- les troubles du sommeil avec difficultés d’endormissement ou réveils fréquents, - les troubles alimentaires, - les peurs ou des angoisses incontrôlées, - les douleurs, des démangeaisons (eczéma), - les troubles du comportement avec agressivité ou au contraire isolement de l’enfant … |
Durant cette période de quête identitaire, de deuil de l’enfance, de détachement par rapport à leurs parents, certains adolescents se tournent vers la prise de toxiques, ont des conduites à risques. Ils font généralement preuve d’une grande facilité à dissimuler de graves conduites addictives, aussi mieux vaut-il rester vigilant.
Il faut garder espoir car bon nombre d’entre eux utilisent leur potentiel pour rebondir, quand qu’ils quittent le système scolaire.
Vu par certains, « les conduites addictives et antisociales sont courantes dans l’évolution des adolescents précoces et sont même parfois un mode d’intégration dans le groupe social. Elles peuvent conduire au rejet de l’insertion sociale par les études et au grand paradoxe des enfants précoces en échec scolaire et sans diplôme. Sans banaliser ce type de choix, les études actuelles montrent que ces adolescents bien accompagnés peuvent reprendre des études, même bien longtemps après les avoir abandonnées et réussir une insertion professionnelle correcte, voire, même si le diagnostic de précocité est tardif, réussir une insertion sociale correcte. Je vous rappelle que la précocité ne disparait pas avec l’âge et que la reprise des études à l’âge adulte est toujours possible chez les précoces en échec scolaire. D’autant que les formations pour adultes sont moins scolaires et donc plus accessibles à ces feux d’artifice… »
Extrait de "Enfants précoces : dépistage, diagnostic et suivi " par le Docteur BARRAUD
A LIRE
l'article de Jeanne SIAUD FACCHIN "Un Q.I. élevé peut cacher une fragilité"
l'article de Claudia JANKECH "Surdouance et échec scolaire"
l'article de Marc VANMEERBEEK, Stéphanie Van Onckelen, Corine BOUUAERT et Philippe BURETTE "Enfants à haut potentiel: attitude du médecin traitant "
l'article de JC TERRASSIER "les dyssynchronies des enfants intellectuellement précoces" Extrait sur l'effet pygmalion négatif
l'article de JC TERRASSIER "les dyssynchronies des enfants intellectuellement précoces" Extrait sur les dyssynchronies
le mémoire de J. LEGRAND "Le développement affectif des enfants dits "intellectuellement précoces"
l'article de CHAMONT "Les angoisses chez les enfants et les adolescents intellectuellement précoces"
l'article de GOLDMAN "L'inexprimable agressivité de l'enfant surdoué"
l'article de O. REVOL "Dépression de l'enfant précoce"
la communication de A GAUVRIT "Le complexe de l'albatros"
l'article du Dr BARRAUD "Enfants précoces: dépistages, diagnostic et suivi" - Le recours aux antidépresseurs
l'article de G. ROBERT "Signes d'appel et troubles associés chez l'HP"